Un des éléments qui a motivé notre choix de Mora et la Dalécarlie était le fait que par un heureux concours de circonstance, on y trouve non seulement les chevaux de bois dont je raffole depuis mon tout premier voyage en Suède (1989), sans avoir jamais franchi le pas de m'en offrir un, pour la bonne et simple raison qu'ils valent les deux bras, mais aussi la fabrique de couteaux Morakniv ('couteau de Mora'), Graal de Jeremy depuis qu'il s'est mis à la sculpture sur bois.


Symbole emblématique de la Suède, la très grande majorité des chevaux vendus dans toute la Suède est fabriquée ici, à Nusnäs, minuscule village situé à 30 km de la maison et dont le dernier recensement en 2019 affichait fièrement 783 habitants.


En son centre se trouvent les deux fabriques de Dalahäst ('cheval de Dala'), toutes deux enseignes Olsson. On peut visiter les ateliers, dans lesquels une exposition de photos, de coupures de presse et de très vieux chevaux sculptés, relate l'histoire de l'entreprise.

Grannas Olsson était l'aîné d'une famille désargentée de 9 enfants ; il dut commencer à travailler très jeune afin d'aider sa famille (toute ressemblance avec un membre de ma famille est totalement fortuite !!...) et ne rechignant pas à la tâche, il acceptait tout type de travail.


En 1922, âgé de 26 ans, il commença à fabriquer les chevaux de bois. Doté d'un fort esprit d'entrepreneuriat, il améliora le concept de production en faisant l'acquisition d'une scie à ruban. Elle était dépourvue de moteur et c'étaient les jeunes du village qui se relayaient à la manivelle pour faire tourner la scie manuellement. Grannas Olsson mit en place des gabarits de blocs de bois (du pin) dans lesquels il esquissait les contours grossiers des futurs chevaux . Ceux-ci étaient découpés à la scie, puis scupltés et peints à la main, ce qui donnait à chaque cheval sa propre personnalité.



C'est encore ainsi que les chevaux sont fabriqués aujourd’hui : à partir d'un bloc de pin issu des forêts environnant le lac Siljan, un homme découpe les formes grossières à la scie à ruban, puis ces formes sont distribuées à une cinquantaine de sculpteurs qui travaillent depuis chez eux. Ils reviennent ensuite à l'atelier où ils sont peints à la main. Ce processus prend environ deux semaines.



Le Dalahäst devint mondialement connu lorsqu'en 1939, il en fut installé une version géante devant le pavillon de la Suède à l'exposition universelle de New-York.


Au moment ou nous effectuons notre visite, nous sommes les seuls visiteurs de l'atelier et une fois encore, nous sommes surpris du bon esprit suédois : l'accès est libre, on y entre comme dans un moulin et s'y promène à loisirs sans que les scieurs ou les peintres ne semblent le moins du monde dérangés par notre présence. Il nous laissent aussi tranquillement flâner dans les chevaux bruts 'second choix', qu'il est possible d'acheter pour un coût ridicule.




(Pour la petite anecdote : une fois vos emplettes de marchandises 'déclassées' terminées, il faut sortir de l'atelier, traverser la cour et entrer dans la boutique située à une cinquantaine de mètres pour y régler vos achats. Le parking étant situé entre les deux, si vous montez dans votre voiture au lieu d'entrer dans la boutique, c'est pareil... Si ce n'est qu'apparemment, ici, cela ne viendrait jamais à l'idée d'un local...)


Dans la boutique, la collection de chevaux est exceptionnelle ; toutes les tailles et toutes les couleurs sont harmonieusement disposées, c'est un ravissement pour mes pupilles. Mes ardeurs sont rapidement calmées par les étiquettes de prix (bon et puis aussi parce que depuis mes 45 ans, grâce à Jeremy, je suis l'heureuse propriétaire d'un DalaHäst dont j'ai moi-même choisi la couleur :-) ). Jeremy a en revanche pu se lâcher sur les déclassés de l'atelier, car si un petit cheval terminé de 7cm se vend 15 euros, son jumeau brut de second choix est à 1,40 euro. Ça vaut le coup de savoir sculpter et peindre, non ? :-))) 


Je vous laisse sur un florilège de créations spéciales !