A environ une heure de route de Gesunda se trouve une autre station phare de la région, Orsa Grönklitt.

Culminant à 561 m d’altitude et forte de ses 23 pistes de ski, c’est l’une des plus grandes du secteur ; mais ce qui en fait une station totalement hors normes tient dans une tout autre raison : elle se partage le territoire avec une réserve naturelle d’animaux sauvages ! C’est un peu perturbant de voir un des télésièges passer à proximité de la zone réservée aux loups, je pense que les skieurs doivent pouvoir les distinguer depuis leur siège (et réciproquement...).


Installé dans la montagne sur une surface de 325 000 m2, le Rovdjurparken d’Orsa est la plus grande réserve naturelle d’Europe, et la seule à héberger un ours Kodiac (les ours géants qu’on trouve en Alaska). Nous ne l’avons pas vu (je ne sais pas si c’est une espèce qui hiberne, comme les autres ours bruns du parc…), mais nous avons pu observer d’autres animaux qui ne nous sont pas du tout, mais alors pas du tout, familiers ; et qui nous ont aussi bien gentiment remis à notre place de petits mammifères parfaitement ridicules à la surface de cette planète…


J’ai longuement hésité avant de faire cet article : n’étant pas assez calée sur les conditions de vie des animaux, ni sur les réels enjeux de ce type de parc ; et par ailleurs, incapable de dire à quelle échelle c’est négatif et où se situe le point d’équilibre, je ne suis pas à l’aise avec les parcs d’animaux. J’ai cependant eu l’impression que le parc respectait certaines données fondamentales, la principale étant que les quelques espèces hébergées dans le parc semblent être dans leur milieu ‘naturel’, dans le sens où il n’y a par exemple pas de dôme surchauffé pour accueillir des girafes ou des éléphants. Les félins qui y sont représentés viennent de zones géographiques froides (Iran, Pakistan, Mongolie, Népal…).



 Le parc est organisé comme un chemin au milieu des espaces naturels dédiés à chaque espèce hébergée. Après une petite exposition (au chaud !!) qui présente les caractéristiques générales des espèces représentées, on commence la visite piano, piano par un animal de la sous-famille des loutres, dont je n’avais jamais entendu le nom en français : le carcajou. Son appellation en anglais nous est plus familière : Wolverine. Lorsque nous passons devant son espace, il semble endormi dans la neige ; aussi, nous poursuivons vers le secteur suivant : l’ours polaire.


Les deux ours polaires ne sont pas bien plus vigousses que le carcajou : nous les apercevons qui somnolent au soleil, au loin, dans leur espace. Nous tentons notre chance auprès du lynx.


Lui, clairement, c’est la diva du parc : il nous tourne le dos et nous jette vaguement un regard désintéressé de temps à autre, manifestement habitué que des idiots d’humains prennent en photo son auguste personne. J’ai l’impression qu’il nous snobe volontairement ; jusqu’au moment où, miracle !!, il esquisse un bâillement d’ennui que Jérémy réussit à capturer (et qui vaut son pesant de cacahuètes, vous en conviendrez).

(Variante : lorsque nous arrivons, le lynx est assoupi dans un coin de sa réserve ; nous nous efforçons de le prendre en photo depuis l’autre côté, mais il nous tourne le dos. Soudain, il se rend compte de nos présences et se met à rugir… Comme quoi, on dit vraiment ce qu’on veut dans les reportages, ha ha ha).


Notre promenade (temps clair, -12°C…) continue vers la zone des panthères. Le parc accueille un léopard des neiges, que je trouve magnifique avec son pelage gris – peut-être suis-je influencée par le superbe reportage de Sylvain Tesson et du photographe animalier Vincent Munier - ainsi qu’une panthère de Perse (ou léopard iranien), d’une couleur un peu plus fauve.




La visite se poursuit – toute en montée, on fait purement un simplement l’ascension de la montagne par la réserve naturelle – et nous arrivons chez le Tigre de Sibérie. Son espace est très accidenté, avec beaucoup de reliefs, et on voit dans la neige que le tigre se promène dans de nombreuses zones raides.


Des employés du parc sont en train de travailler dans son espace extérieur, réparant une trappe d’accès ; de fait, le couple de tigres (oui, finalement nous découvrons qu’ils sont deux) est à l’intérieur de son espace de vie, et ça semble être l’heure du casse-croûte. On peut les voir depuis l’extérieur, à travers une vitre, ou depuis l’intérieur, sur une espèce de mezzanine en contreplongée.

Les enfants sont restés en bas, Jérémy et moi sommes à l’étage, et j’avoue avoir une sacrée chute de sucre lorsque le tigre mâle saute de son arbre artificiel et approche ses 200 à 300 kg de muscles des enfants situés derrière la vitre !!!

(Non, il n'est pas empaillé...)



Nous laissons les tigres à leur repas et montons prendre le nôtre au restaurant d’altitude de la station, qui peut être rejoint depuis le parc animalier. C’est une fois de plus un spectacle exceptionnel : la vue s’étend sur toute la plaine, immense, immaculée, infinie.




Une fois rassasiés, nous nous mettons en route pour le dernier animal que nous n’avons pas encore vu : le loup. Nous avons la chance d’en voir passer deux à la lisière de la forêt, dans le soleil qui commence à décliner. Le parc va bientôt fermer ses portes, il est temps de rejoindre la voiture.


Avant de quitter le parc, nous décidons de retenter notre chance du côté des ours polaires.

Alors là, comment vous dire… Mais quelle trouille !!!! Ils sont tout à fait bien réveillés et déboulent dans notre direction en courant - bien plus vite que vous et moi, je vous assure !!! Nous avons l’occasion de voir de nos propres yeux que cette masse de plus de 400 kg (entre 400 et 600 kg pour un mâle, pouvant même atteindre jusqu’à une tonne !) court aisément deux fois plus vite que nous !!

C’est vraiment très, très impressionnant ; et on ne va pas se mentir : j’ai préféré ne pas m’attarder !