S’il est un mot qui définit à la fois une loi, un état d’esprit, une coutume et un principe de vie, c’est bien Allemansrätt.


Allemansrätt, que l’on peut traduire par ‘droit de tout un chacun’, est le pilier de la façon de vivre à la suédoise. Si on veut synthétiser ce que cela signifie, c’est le droit de chacun de profiter librement des paysages, de la nature et de ses fruits, sans aucune limite de propriété privée.


Cela fonctionne parfaitement ici, car les gens n’empiètent pas sur la bulle privée d’autrui, et grâce à leur attitude lagom (la modération, pour ceux qui ont sauté des pages :-)) ), cela ne viendrait à l’idée de personne d’aller piller le verger ou le potager du voisin. C’est ainsi que si vous vous promenez au bord de la mer sur côte Ouest, dans le Västra Götaland, vous pouvez longer la côte en traversant de nombreuses propriétés qui jouxtent le bord de mer : les propriétaires ont installé des petits portillons qui garantissent le passage à travers leur propriété. Vous vous retrouvez ainsi à ouvrir et refermer moult petits portillons au fur et à mesure de votre progression le long de votre promenade.


Dans les forêts, l’Allemansrätt se voit par les nombreux refuges et abris installés fréquemment au détour d’une clairière. Lors de notre périple en 1993, Sylvain et moi avions déjà pu expérimenter ces installations, toujours constituées d’un abri et d’un endroit prévu pour faire un feu.

Il y a un de ces slogbod à deux pas de la maison. Il suffit d’emprunter le sentier qui part en face de chez nous, dans la forêt ; on longe un ruisseau, on passe sur un petit pont de bois, et nous voilà arrivés sur le lieu de notre pique-nique du jour ! C'est ce que m'apprend Pierre, notre logeur, lors de son coup de fil hebdomadaire pour s'assurer que tout va bien. Les deux photos précédentes sont de lui ; lorsque nous arrivons sur place, il y a bien plus de neige au sol, et le lac est gelé.

Le slogbod d’aujourd’hui abrite aussi un jeu de morpion avec des pierres peintes ; je trouve cela très rafraîchissant, qu’un si joli jeu puisse rester ici sans être embarqué par quiconque…


Il y a toujours des bûches en arrivant ; si nous les utilisons, nous les remplaçons par celles que nous avons apportées ; il est autorisé de ramasser le bois mort dans la forêt, mais évidemment pas de couper la moindre branche d’arbre (faites cela devant un Suédois et il blêmira aussi rapidement qu’Idéfix s’évanouit quand on touche à un arbre !).



Comme vous le voyez, cela permet de s’aérer et passer un beau moment dans la nature pour profiter des quelques heures de jour, et d’une météo vraiment douce (1°). Les sapins perdent leur manteau neigeux sitôt que nous repassons en température positive ; mais ne vous y trompez pas : au cours des trois derniers jours, il est tombé plus de 35 cm de neige :-).